A propos d'élévage

Les décisions européennes au niveau agricole sont parfois étonnantes. Telle celle-ci, qui ouvre au Mexique le marché de la viande au niveau européen alors qu'il apparaît déjà tendu.


 Mardi 28 avril 2020, le Commissaire européen au Commerce, Phil HOGAN, s’est réjoui, dans un communiqué de presse, de la finalisation d’un accord de libre-échange modernisé entre l’UE et le Mexique. Cet accord prévoit notamment l’ouverture du marché européen à 20 000 tonnes de viandes bovines mexicaines, à droits de douane très réduits. Des viandes mexicaines qui étaient, jusqu’ici, interdites en Europe pour raisons sanitaires. 
Depuis le début de la crise mondiale liée au COVID 19, les institutions européennes répètent que tout doit être mis en œuvre, dans le « monde d’après », pour préserver notre souveraineté alimentaire. Les politiques publiques agricoles européennes devront donc répondre aux objectifs du nouveau « Green Deal » et la stratégie « de la ferme à la table », définie par la Commission européenne, devra répondre à cet enjeu.  
Et pourtant, la Commission européenne vient de finaliser, ce mardi 28 avril, un accord commercial modernisé avec le Mexique pour ouvrir le marché européen aux viandes bovines mexicaines, à hauteur de 20 000 tonnes par an, à 7,5% de droits de douane. Et ce, alors que les viandes bovines mexicaines, qui ne présentent pas de garanties suffisantes sur le plan sanitaire, étaient jusqu’à aujourd’hui exclues des échanges commerciaux entre l’UE et le Mexique. 
La Commission européenne poursuit également, en ce moment même, ses discussions avec le Mercosur, l’Australie et la Nouvelle-Zélande afin d’ouvrir toujours plus le marché communautaire à des viandes d’importation ultra-compétitives, car produites dans des conditions totalement incompatibles avec les attentes des consommateurs européens et l’ambition politique affichée de protection de l’environnement et de notre « modèle » agricole. 
Face à ce double-discours permanent de la Commission européenne, INTERBEV, l’Interprofession Elevage et Viande, en appelle à l’intervention du Président de la République, pour : 
 
- Exiger, à Bruxelles, la suspension de toute importation de viandes bovines provenant de pays tiers pendant la période d’état d’urgence sanitaire. - Rappeler son opposition ferme et sans ambiguïté à toute validation de l’accord UE-Mercosur. - S’opposer à ce nouvel accord UE-Mexique et bloquer toute négociation en cours portant sur l’ouverture du marché européen à de nouveaux volumes de viandes bovines issues de pays tiers.  
 
Pour Dominique LANGLOIS, Président d’INTERBEV : « Nous, professionnels de la filière française de l’élevage et des viandes, avons entendu le Président de la République déclarer, au début de la crise du Covid 19, que‘déléguer à d’autres notre alimentation serait une folie’. Nous partageons pleinement cette vision et sommes au travail, chaque jour, pour approvisionner les citoyens en viandes de qualité, en quantité suffisante. Nous attendons en retour que la France et l’Europe mettent désormais en cohérence leurs actes avec leurs discours, pour nous protéger de la concurrence déloyale de viandes importées et nous permettre de poursuivre notre mission nourricière du pays. » 


 
 
 
 
A propos d’INTERBEV :  INTERBEV est l’Association Nationale Interprofessionnelle du Bétail et des Viandes, fondée en 1979 à l’initiative des organisations représentatives de la filière française de l’élevage et des viandes. Elle reflète la volonté des professionnels des secteurs bovin, ovin, équin et caprin de proposer aux consommateurs des produits sains, de qualité et identifiés tout au long de la filière. Elle fédère et valorise les intérêts communs de l’élevage, des activités artisanales, industrielles et commerciales de ce secteur, qui constitue l’une des premières activités économiques de notre territoire. Afin de mieux intégrer les attentes de la société, les professionnels de cette filière se sont rassemblés autour d’une démarche de responsabilité sociétale, labellisée par l’AFNOR « engagé RSE confirmé » de niveau 3 sur 4 en juin 2018 : le « Pacte pour un Engagement Sociétal », qui vise à mieux répondre collectivement aux enjeux en matière d’environnement, de protection animale et de nutrition humaine. 
 

Article publié par cmr • Publié le Mardi 26 mai 2020 • 1042 visites

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